Voyage 2016 dans les territoires Aborigènes : sur les pistes rouges du désert central- épisode 8
Episode 8
Ce matin là, je pose le pied sur de terribles épines. Quand la nature singe la gendarmerie nationale. Ces sortes de crampons sadiques ressemblent aux cordons pour empêcher le passage des véhicules en zone de guerre. Ici ils se contentent de percer la semelle de mes chaussures. Je souhaite bien du plaisir aux animaux censés disperser leurs graines. Qui peut bien se charger de cette épreuve ?
Ce soir là une charmante petite grenouille vient me souhaiter bonne nuit en haut de cette dune. Peut être une princesse cachée derrière sa robe verte comme un camouflage. Je lui titille le "croupion" avec un morceau de bois pour qu'elle parte plus loin, afin de ne pas lui marcher dessus durant la nuit. En attendant je me demande bien d'où elle vient car tout n'est qu'aridité en ces lieux. Magie de la vie nocturne aux creux des dunes de sable du Bush.
Un couple d'Aborigène passe ce soir sur cette piste. Ils voient mon feu et s'arrêtent. Ils viennent vers moi pour me demander : are you ok ? Incroyable hospitalité du désert où chacun se soucie de l'autre. Il est vrai qu'une voiture arrêtée avec un feu le soir est souvent synonyme de panne et d'appel des secours. Le bush regorge d'histoires d'attente d'une aide potentielle pendant 3 jours, une semaine, sur ces endroits très peu fréquentés. Ne jamais manquer d'eau.
En passant par Kings Canyon, je découvre des gorges fascinantes de sable pétrifié. Je passe la main sur les pierres ondulantes d'une plage à marée basse. Ces vaguelettes de sable furent saisies il y a des millions d'années. Quelle mer fut là en ce temps si lointain ? De plus en plus, la géologie de notre terre me touche. Comme ces endroits uniques d'Australie où l'on peut voir la première croute terrestre de notre planète.
Sur les hauteurs se nichent quelques palmiers endémiques. Ils poussent extrêmement lentement et frisent les 400 ans. Ce n'est rien en comparaison de leur témoignage d'une période plus humide ici il y a 20 millions d'années. Ils en seraient les derniers descendants.
Je doute tout de même un peu de l'explication donnée. Les analyses scientifiques des gènes d'autres palmiers d'un parc naturel tout à côté, enfin 300 km, viennent de démontrer que ces survivants de la wet period, avaient été finalement plantés par les Aborigènes, à partir de graines convoyées de 2500 km plus au nord du pays. Les Aborigènes, avec leur maîtrise des feux dans le bush, leur gestion des graines, ont sans doute forgé en partie ces territoires qui semblent encore si sauvages...
Je tenterai de publier un autre billet perdu faute de batteries suffisantes.
Le voyage continue sur Darwin avec un évènement important : le Telstra Award, grand prix de l'art Aborigène.
De beaucoup d'endroits en Australie, convergent en ce moment de nombreux artistes pressentis comme lauréats. Je suis impatient de découvrir leurs chefs d'œuvre entre aperçu ici ou là juste avant leur sélection.