Voyage 2016 dans les territoires Aborigènes : épisode 1
Durant l'été 2016, la galerie se rendait dans l'outback Australien afin de sélectionner des œuvres et de préparer nos expositions futures en 2017.
A cette occasion, nous avons réalisé un reportage de notre périple, au cœur des territoires Aborigènes non accessibles au public.
ce fut l'occasion d'appréhender ces paysages, de mieux comprendre la dureté de la vie nomade, de percevoir les enjeux politiques et sociétaux des communautés Aborigènes... Ces éléments forts offrent une fenêtre éclairante pour appréhender avec plus de justesse l'inclassable art Aborigène d'Australie. A travers différents épisodes, nous vous invitons à suivre nos 20 jours dans les Outstations des déserts de l'Outback.
Episode 1
Après 8h de route en partie goudronnée puis plus du tout, nous voilà dans les territoires du APY land : 102 000 km2 et 2300 habitants à 90% Aborigènes. La Belgique y loge 3,4 fois.
Certains Australiens sont étranges. Ils remorquent leurs bateaux en plein désert, de Darwin à Adelaide. Un détail : cela fait juste 3000 km.
Le froid est mordant ici. La nuit dernière il a fait -3•c en plein désert. Nous pensions dormir à la belle étoile ce soir dans un lieu magnifique. Il était impressionnant avec des blocs rocheux rouges se détachant sur un territoire immense et vierge à l'infini.
Les rockholes ou trous d'eau dans la roche, gardent la trace des dernières pluies. Leur eau, hier bien pure et cartographiée par les Aborigènes, est aujourd'hui contaminée par les déjections des chameaux ou chevaux importés.
Dans cette partie du territoire autour de Mimili il y a également trop de renards. Ils abusent des wallabies et déciment leur population. Une catastrophe écologique !
Le bas d'un immense monolithe sert de camp temporaire aux Aborigènes en fonction des saisons. Le lieu est magique : une telle force en émane. Il s'agit d'un lieu protégé. J'attendrai d'être invité et accompagné pour y revenir.
Finalement nous dormirons ce soir là dans le lieu d'hébergement collectif de la communauté Aborigène. L'isolation du bâtiment est rudimentaire. Près du poêle, avec un bon feu, je me réchauffe enfin.
Le ciel étoilé n'est pas loin. Pas de téléphone, même la connexion satellite est difficile. Mais une connexion wifi avec un groupe électrogène fonctionne et permet de partager quelques nouvelles.
Vers 18h à la nuit tombante, je me rends au centre d'art de Mimili Maku en préparation de la réunion du lendemain. Juste 300 Aborigènes vivent à Mimili.
Les artistes sont rentrés à la maison. Je les verrai demain matin. La pièce où peignent les hommes est surchauffée. Il y fait exactement 30•c. C'est un luxe mais ils adorent cela.
Des œuvres magnifiques sont visibles sur le sol. Les artistes se ré-inventent. Ils utilisent de nouveaux médias avec audace. Certains établissent des dialogues entre prise de photos et peintures. Ces innovations sont intéressantes. Les artistes aborigènes puisent avec talent dans le terreau de leur civilisation millénaire.
Ils seront présents nombreux à Darwin début Août lors du Telstra Award au Musée des Territoires du Nord et défendront une autre vision de l'art Aborigène.
La voie lactée commence à apparaître au loin. Aucune lumière, ni pollution à des milliers de kilomètres à la ronde. Quelle intensité !