Périple dans l'Australie secrète II : Aux portes du désert du APY land
Quelles rencontres aujourd’hui ! Après quelques 650 km de route asphaltée, puis de terre rouge en tôle ondulée, me voilà dans le APY Land.
À l’arrivée au centre d’art d’Iwantja, je vois deux voitures de police à l’entrée. Le Premier ministre de South Australia visite la communauté. Les artistes sont presque tous là. Quel plaisir de les rencontrer à nouveau. La presse, les photographes sont aussi de la partie et les flashes palpitent autour d’eux et des œuvres en préparation. Sa visite est immortalisée sur la pellicule, avec le grand artiste Alec Baker.
J’échange quelques mots forts sympathiques avec le Premier, The Hon Steven Marshall MP, qui porte un vif intérêt à ce mouvement artistique au sein du APY Land.
Il rencontré Emmanuel Macron il y a quelques semaines, la France ayant signé un gros contrat de vente de sous-marins avec l’Australie.
Il souligne que les liens y compris culturels sont forts entre les deux pays, avec par exemple plus de 140 œuvres du Musée d’Orsay actuellement exposées à Adelaide comme des œuvres de Monet... nous échangeons même quelques mots en français.
Les journalistes présents m’interviewent également pour avoir le point de vue d’un galeriste européen, sur ces artistes célébrés en Australie et à travers le monde.
Au centre d’art j’échange avec l’artiste Betty Muffler qui sera bientôt exposée à Bruxelles en novembre prochain. Devant une peinture de 3 m, elle m’explique la signification d’une de ses œuvres liée au Rêve des 7 sœurs.
Beth et Heath, les deux managers, tiennent la barre du beau navire Iwantja avec la présidente et le board des directeurs Aborigènes. Cette structure communautaire accomplit ici encore des merveilles. Leurs habits reflètent l’éclat des pigments et l’intensité créative propre à ce lieu. Nous avons en fin de journée le temps d’un bel échange sur des projets futurs en commun.
En fin de journée à Mimili Maku (accommodation), je retrouve un bébé kangaroo à qui je donnais le biberon il y à un an. Il continue de téter goulûment celui que je lui offre ce soir. Quel contraste. Dans la poche de leur mère ils tètent pendant deux ans.
Le lendemain, quelle joie de retrouver Fregon. En 2014 j’avais croisé Gillian qui est maintenant la manager du centre d’art, après Bev qui a passé ici 28 ans. Un job intense.
Je revois avec plaisir les grands artistes Taylor Cooper et Witjiti George. Il a les yeux qui pétillent, et avec plein d’humour, il est enchanté de présenter ses œuvres sur l’histoire fondatrice de la Création avec les deux serpents Wanampi. Que de merveilles ici encore.
Je revois le Premier ministre de SA qui passe en fin de journée. Nous discutons autour de ma sélection réalisée avec les artistes et Gillian, pour la future exposition à Bruxelles. Il a un bon œil et collectionne également quelques œuvres.
Ce matin avant de quitter Mimili, je suis monté sur une colline où il est autorisé d’aller. La vue sur la « vallée » de Mimili est magnifique.
En descendant sur cette pierre rouge sang, pulvérisée, carbonisée par les millions d’années d’érosion, j’ai retrouvé la coccinelle des films de mon enfance. Elle a pris quelques rides. Et les écailles de sa peintures offrent de magnifiques compositions abstraites.
Ce soir je dors dans l’ancienne maison du studio manager du centre d’art. À l’entrée je retrouve un papillon de nuit absolument géant. Tout est disproportionné et grandiose ici.
Les kilomètres filent et plus l’on rentre dans le territoire, plus tout gagne en intensité.
Au centre d’art, on devine toutes les mains talentueuses derrière ces pinceaux au repos. Vivement demain que la chorégraphie reprenne sur les toiles.