Portrait de l'artiste Kay Lindjuwanga de Maningrida
Je vous invite dans l’univers artistique d’une grande dame d’Australie, Kay Lindjuwanga, née en 1957 dans une zone éloignée de la Terre d’Arnhem proche de Maningrida dans le nord tropical.
Elle fait partie d’une grande lignée d’artistes Australiens acclamés, de son père Peter Marralwanga (1916), à ses frères Ivan Namirrkki et Samuel Namunjdja également présentés dans cette grande exposition à Bruxelles.
Sa carrière artistique démarre avec son mari, John Mawurndjul, qu’elle épouse en 1973.
Illustre artiste, il voyagera à travers le monde, peindra les plafonds du Musée du Quai Branly Jacques Chirac à Paris, aura une rétrospective de son vivant à Bâle et au Musée National de Canberra en 2018 « I am the old and the new » qui fera le tour des musées Australiens par la suite. Aujourd’hui ses œuvres ornent les murs de plus de 40 institutions.
Dans une magnifique complicité, John va partager son savoir avec Kay, et l’inviter à contribuer dans ses propres œuvres, à tel point qu’il est souvent difficile de distinguer leurs gestes respectifs. Puis elle volera de ses propres ailes, ayant acquis l’autorité à la fois pour représenter les histoires et symboles du clan Kurulk de John et de son propre clan Kardbam.
Habités par leur savoir ancestral, John et Kay vont conjuguer tradition et un sens remarquable de l’innovation, qui va les conduire à une forme d’abstraction habitée par les motifs traditionnels hachurés connus sous le nom de Rarrk.
Dans l’iconographie de Kay, les formes abstraites sont profondément connectées aux lieux du territoire et aux histoires des grands ancêtres dont le serpent arc en ciel. Dans ses représentations ondulantes elle évoque les dimensions cérémonielles et le pouvoir ancestral qui y est associé.
Certaines des écorces à Bruxelles, soulignent le lieu sacré de Milmilngkan, où le serpent arc-en-ciel a percé le sol et qui veille depuis la nuit des temps sur cet endroit. C’est aussi son lieu de vie avec John, une terre qui désormais leur appartient.
D’autres œuvres de Kay raconte un temps très ancien, avant que la mort n’atteigne les hommes. Par un cross hatching complexe ponctué de zones blanches, l’artiste évoque ainsi l’ancêtre Buluwana dans le coin de Dilebang, un des endroits les plus sacrés de la région, situé dans un pays magnifique et escarpé, très riche en art rupestre.
La vibration apportée par Kay à travers le rarrk ou cross hatching, donne vie aux lieux, et aux mouvements des ancêtres totémiques, avec un effet de vibration et de chatoiement palpable.
A travers le monde, vous pourrez retrouver les œuvres de Kay Lindjuwanga, dans les prestigieuses institutions suivantes : National Gallery of Australia. Musée de Sydney - Art Gallery of New South Wales. Musée de Melbourne - National Gallery of Victoria. Musée de Darwin - Museum and Art Gallery of the Northern Territory. Musée d’Adelaïde - Art Gallery of South Australia… et de nombreuses collections privées.
En 2004 elle gagne le NATSIAA - Telstra Award au Musée de Darwin.
Découvrez les 5 magnifiques peintures Aborigènes sur écorce de Kay Lindjuwanga, actuellement exposées à Bruxelles.
© Photo : Aboriginal Signature Gallery with the courtesy of Maningrida