Exposition d’art Aborigène “The Inma - Women’s dance & songs” - Aboriginal art from Australia
En association avec les artistes du centre d’art de Mimili Maku.
A la galerie Aboriginal Signature Estrangin : 101 rue Jules Besme, 1081 Bruxelles.
Vernissage sur RDV le mercredi 15 mai de 11h30 à 21h30.
A 20h - discours du directeur de la galerie et drink.
RSVP - réserver votre visite
Ensuite la galerie vous reçoit sur RDV, du jeudi 16 mai au samedi 8 juin 2024, du mardi au samedi, de 11h à 19h : vous pouvez également réserver votre visite dés à présent dans notre agenda ici.
“The Inma - Women’s dance & songs”
La galerie Aboriginal Signature est honorée de vous présenter l’exposition «The Inma - Women’s dance & songs», réunissant 27 peintures sur toile réalisées par 8 artistes femmes Aborigènes d’Australie de la communauté artistique de Mimili Maku, sélectionnées suite à notre dernier long périple en Australie en 2023.
Les œuvres évoquent avec émotion le langage visuel transmis de génération en génération, et explorent la connexion au manta (pays) et au Tjukurpa, souvent traduit par Temps du Rêve (un pouvoir de transformation continu, éternel et vivifiant qui représente chaque aspect de l'existence).
Autour de Mimili, de nombreux chants ancestraux féminins sillonnent et traversent leur territoire. Un endroit très important pour les Anangu de Mimili est Antara, un site cérémoniel essentiel au sommet d'une colline où les femmes accomplissent l'inma (les chants et danses de cérémonie) en rapport avec l’histoire du Tjukurpa Maku.
Le soir du 13 juillet 2023, après ma visite du centre d’art, les artistes sont tous partants pour me faire découvrir le lieu d’Antara à plus d’1h de piste, un endroit fondamental et présent à travers les multiples individualités des peintres ici.
Me voilà embarqué à l’arrière du 4x4 avec les artistes, le matériel pour le dîner et les queues de kangaroo congelées.
Je mesure à quel point être invité à Antara est un privilège. En chemin l’artiste Tuppy Goodwin gardienne des lieux commence à entonner les chants des cérémonies. Toutes reprennent en cœur et tapotent dans leurs mains ou sur les cuisses.
C’est une façon courante de s’annoncer aux esprits en ces lieux.
Depuis les dernières pluies la piste a disparu sous la végétation du Bush. Nous recherchons un chemin pendant une bonne heure, puis sous l’impulsion d’un troisième 4x4 guidée par une gardienne des lieux nous traçons hors sentier vers un pli de la colline de pierre rouge.
Certaines femmes préparent le feu tandis que d’autres grimpent les 250 m de dénivelé vers un trou d’eau sacré dans la roche. Nous les accompagnons dans cette ascension.
Le lieu est grandiose. Et la vue à nulle autre pareille sur une vallée verdoyante.
Je pensais qu’Antara était juste un trou d’eau, mais c’est plus vaste encore. Ce n’est pas un lieu mais une vallée bordée de nombreux sommets, qui chacun racontent et tissent une histoire ancestrale. Tel pic représente les 4 enfants. Telle autre deux femmes qui appellent les jeunes qui refusent de traverser la vallée en raison du froid et des éléments. J’avais imaginé ces lieux. Je les vois enfin en vrai au coucher du soleil. C’est sublime et poignant de les admirer ici et de voir de quelle façon les artistes les subliment ensuite sur la toile.
Antara est un univers en soit qui donne vie à toute une vallée. Comme le souligne Robert Fielding, c’est plus qu’une montagne ou une vallée, c’est un livre dans un livre.
Arrivées aux trois trous d’eau lovés à mi-chemin du sommet, les femmes s’activent pour nettoyer l’endroit, retirer les plantes envahissantes, clarifier l’eau, comme un hommage et un devoir d’entretenir ce lieu.
Le jour commence à tomber. Nous redescendons pour dîner avec des Bush potato’s et les queues savoureuses de Kangaroo grillées dans les braises des deux feux au milieu du groupe.
Un des petits fils de Robert a ramassé du tabac sauvage, le fameux Mikulpa. Ma voisine Puna Yamina le fait sécher sur les braises. Je l’imite et goûte à mon tour en mettant une feuille pliée en boule autour de cendres. « Surtout il ne faut pas mâcher » me disent-elles. Trop tard. Un suc un peu brûlant coule contre mes joues et dans le larynx, ce qui provoque un hoquet immédiat. Elles me redonnent des cendres (à l’effet bénéfique de soude pour adoucir) qu’elles sortent d’une petite boîte.
Une heure plus tard je reprends des couleurs sous le regard bienveillant des artistes femmes qui nous accompagnent. Nous rangeons maintenant le campement dans la nuit avant notre retour au sein de la communauté plein phare.
Les artistes femmes chantent à nouveau au fil des lieux traversés. Je revois les toiles sélectionnées un peu plus tôt dans la journée pour l’exposition à Bruxelles et comprends l’ancrage. L’image de la vallée d’Antara restera gravée à jamais dans ma mémoire, comme chaque peinture ici qui constitue un témoignage unique d’un art vivant, porteur de la mémoire d’un peuple, dont prennent soin ces gardiennes depuis la nuit des temps, et qui résonne aujourd’hui dans les musées à travers le monde.
Nous nous réjouissons de vous accueillir au sein de notre espace culturel de 250 m2 à Bruxelles, tout entier dédié à ces grands artistes australiens et trésors du bout du monde.
Bertrand Estrangin
Directeur