"Our country keeps us" • Art Aborigène d'Australie avec les grands artistes de Mangkaja Arts
Exposition-vente de peintures Aborigènes d'Australie : du 11 avril jusqu'au samedi 5 mai 2018.
Vernissage le mercredi 11 avril de 14h30 à 22h - discours d'inauguration à 20h30.
A la galerie Aboriginal Signature • Estrangin, 101 rue Jules Besme, 1081 Bruxelles.
Horaires : du mercredi au samedi, de 14h30 à 19h
A d'autres moments sur RDV au +32 (0)475 55 08 54.
Nous sommes très honorés d'accueillir à Bruxelles les grands artistes Aborigènes de Mangkaja Arts pour cette exposition "Our Country keeps us" sur la région spécifique du Kimberley, au nord ouest de l'Australie.
La terre des Aborigènes Walmajarri et Wangkajunga est assez spécifique en Australie. Elle est située aux frontières entre le Great Sandy Desert très aride et les premières rivières du Kimberley plus au nord. Au fil des générations et des saisons, leurs périples nomades les conduisait à travers ces immenses territoires, à la recherche de nourriture pour subsister en ces lieux éloignées.
Le message des Aborigènes d'Australie continue d'être d'une extrême actualité pour notre monde. Pendant 65 000 ans en ces lieux, au gré des changements climatiques importants, ils vont développer un lieu unique à la terre. Il la voit comme une partie d'eux-mêmes, avec une véritable intimité, un lien personnel presque ombilical. Quand en occident, des parents et une famille se projettent souvent sur leur époque et celles de leurs enfants et petits-enfants... ils considèrent souvent qu'ensuite advienne que pourra...
Chez les Aborigènes, l'échelle de temps est bien plus vaste et le lien à la nature intrinsèque et respectueux. Celle-ci doit avant tout être préservée pour assurer le prochain passage annuel après les périples codifiés nomades, et honorée pour garantir la subsistance des générations futures.
Ils sont l'ADN de la terre, la terre est leur ADN
"Grand savant" l'homme occidental a bien souvent oublié ce lien unique à la terre. Depuis une rupture consommée au Néolithique, nos cultures exploitent celle-ci sans réelle vision long terme dans une sorte de course sans fin, de plus en plus risquée.
Dans cette exposition "Our country keeps us", les artistes indigènes de Mangkaja ont souhaité nous envoyer un message pour souligner que leur pays, leur territoire, prend soin d'eux et de nous par la même occasion pour peu que l'on respecte la terre. Peu d'êtres humains ici bas ont une vision millénaire destinée à la préservation du territoire comme les Aborigènes d'Australie. Ils sont l'ADN de la terre, la terre est leur ADN.
La peinture comme un acte politique
Dés la fin des années 1990, les Aborigènes Walmajarri, Wangkajunga, Juwaliny et Mangala vont s'inscrire politiquement dans un processus de récupération de leur terre ancestrale en réalisant deux œuvres collaboratives monumentales de plus de 10x8m de long, avec 30 artistes : Ngurrara I (1996) and Ngurrara II (1997). Dans le cadre du Native Act Title, cette peinture prouvera leur lien à la terre auprès des tribunaux australiens et leur permettra de récupérer en 2007, 77 814 km2 de terre dans le Great Sandy Desert et sur une partie de la Canning Stock Route. Une partie de ce territoire, sur 5 000 km2 est partagé avec le peuple Martu et les artistes de Martumili présentés dans notre dernière exposition à la galerie à Bruxelles. En 2012, deux nouvelles demandes seront introduites par les Aborigènes Ngurrara pour récupérer 20 000 km2 supplémentaires dans les régions désertiques.
"The Ngurrara Canvas II is our heritage. It is the map of our country. It tells about the strong lines of our traditional knowledge. It tells us the important places that we need to manage. And it tells the rangers what they need to do on country to keep country healthy. Our caring for country activities need to be linked to this important knowledge" souligne Annette Kogolo en 2013 à de "World Indigenous Conference" à Darwin.
Photo : Ngurrara Canvas II published in the Koori Mail, the Fortnightly National Indigenous Newspaper
La création de cette œuvre monumentale constituera également un ciment solide pour les artistes rassemblés au sein du centre d'art de Mangkaja, cristallisant leurs trous d'eau ancestraux, les pistes chantées, les lieux de collecte, les espaces cérémoniels...
Des œuvres frontières qui conjuguent l'espace
Le style de Mangkaja est unique dans le mouvement de l'art Aborigène, avec des palettes chromatiques associées aux régions aussi diverses que ces lieux connectés aux rivières émergentes du Kimberley, qu'aux zones adjacentes du désert. Nous pourrions qualifier les œuvres des artistes de Mangkaja, comme celles d'une peinture frontière qui conjugue l'espace.
Ainsi dans cette exposition à Bruxelles, l'énergique et brillante artiste Sonia Kurarra (b. 1951) nous conduit dans un autre univers, au delà des rivières, dans une célébration d'un monde visible végétalisé et sous-jacent aquatique. Elle convoque dans ses peintures dans un bouillonnement de vie primordial, les plantes et la faune souvent fantasmagorique des rivières du Kimberley qui s'entrelacent, se fondent dans des couleurs pastels éclairant avec délicatesse toutes les nuances de gris.
Chanter la nature du Kimberley
De son côté l'artiste Lisa Uhl (b. 1976), va chanter les plantes et les arbres du Kimberley, avec une palette vive et des formes évanescentes dont les contours vibrent sous la chaleur de cette région ancestrale. Tels des personnages incarnés ces végétaux seront repris par l'artiste sous la forme de sculpture en aluminium, tels des sentinelles tutélaires et vigilantes pour préserver la terre.
Célébrer l'incandescence mystérieuse du désert
L'incandescence des lumières du désert chez l'immense artiste Wakartu Cory Surprise (b. 1928-2011) s'exprime à travers des à-plats ourlés de points puis de lignes tenues, où les énergies telluriques du territoire sont perceptibles, avec des effets de profondeur et de transparence signifiants, nous rappelant des artistes occidentaux plus dans l'abstraction.
Les hommes gardiens des traditions
Les hommes sont aussi à l'honneur dans l'exposition. Les peintures de l'artiste Jimmy Mawukura Nerrimah (b. 1929-2013) nous conduisent loin dans le Great Sandy Desert avec une identité visuelle propre aux Aborigènes de cette vaste région désertique. Il sera profondément marqué par sa culture ancestrale dont il utilisera les signes et symboles dans sa peinture, tout en s'ouvrant à d'autres teintes audacieuses comme le vert qui fera césure dans son immense territoire traditionnel. Jeune adulte il quittera avec son père le désert soumis à une extrême sécheresse, au début des années 60.
Des armes de chasse en 3D de l'artiste Hanson Pompirla Boxer (b. 1958), explorent avec son savoir traditionnel les boomerangs sculptés dans du bois de sang, huilé avec de la graisse de goanna ou de kangourou. Ils sont utilisés par l'artiste pour les cérémonies, la chasse ou le jeu et révèlent toute sa maîtrise de la matière, par les fines incisions et les peintures rituelles. Dans une sorte de trait d'union entre passé et présent, l'artiste réveille les pratiques anciennes et les fait élégamment embrasser l'art contemporain.
Gardiens de la terre, les Aborigènes honorent leurs lieux ancestraux indispensables à la vie. Installés depuis toujours en ces espaces infinis désertiques, ils sont de véritables vigies du territoire. Ils le chantent et le célèbrent dans leurs peintures spirituelles à travers leurs mythes signifiants du Temps du Rêve, porteurs de la mémoire de leur peuple millénaire.
Peintures proposées dans le cadre de l'exposition :
Exposition organisée
en partenariat avec
le management
et les artistes
du centre d'art
de Mangkaja Arts