Exposition "Women of the desert en partenariat avec Balgo (Warlayirti artists corporation)
Exposition d'art Aborigène des artistes de Balgo à la galerie Aboriginal Signature : du 6 avril au 7 mai 2016, 101 rue Jules Besme, 1081 Bruxelles.
Vernissage le lundi 4 avril à partir de 20h.
Exposition ensuite du 6 avril au 7 mai 2016, horaires : de 14h30 à 19h, du mercredi au samedi. A d'autres moments sur simple RDV.
Fermeture exceptionnelle le 21 avril 2016 en raison d'un tournage.
L’exposition Women of the desert en partenariat avec le centre d’art de Balgo, est un tribut rendu aux femmes Aborigènes, pour la place exemplaire qu’elles occupent dans la culture nomade des indigènes d’Australie, comme dans ce mouvement artistique contemporain.
Au sein de la galerie sont rassemblées 30 œuvres importantes, réalisées sur 20 dernières années à Balgo, par 15 artistes femmes parmi les plus renommées de ce centre d’art comme Eubena Nampitjin, Elisabeth Nyumi, Nora Wompi, Christine Yukenbarri, ou Kathleen Paddoon…
La place des femmes Aborigènes : pas gagnée d’avance en anthroplogie
Dans l’histoire du peuple Aborigène, la place des femmes fut également un peu négligée, sans doute en raison de la vision orientée des anthropologues majoritairement masculins et d’une culture occidentale à prédominance patriarcale.
Il en sera de même dans la peinture Aborigène, où la place des hommes est prédominante avant les années 1980. Puis le cours des choses va progressivement s’inverser dés 1983, avec la réalisation de quelques toiles acryliques par des femmes de la communauté de Yuendumu, dont le succès fut immédiat, à tel point qu’elles purent à leur tour acheter un 4x4 pour gagner leur indépendance et rejoindre à nouveau leurs lieux sacrés.
Les succès des peintures féminines susciteront à d'autres endroits des jalousies des hommes. certains chercheront à s'approprier les histoires, signes et rituels féminins pour pouvoir les apposer sur leurs œuvres. Les conflits furent nombreux, la société Aborigène étant solidement contrastée entre femmes et hommes, avec chacun leurs traditions, rituels et complémentarités comme autorités dans les mythes du Temps du Rêve.
Les femmes Aborigènes gagnent leur indépendance grâce à la peinture
Depuis la place des femmes ne va cesser de gagner en importance dans les années 1990, jusqu’à dépasser en pourcentage les créations des hommes. Aux confins de trois déserts Australiens, parmi les plus arides, cela sera assez rapidement le cas au sein du centre d’art de Balgo qui prend son essor à la même période.
Selon Judith Ryan, célèbre anthropologue et curatrice Australienne « l’émergence des femmes a changé le cours de l’art Aborigène » et la vision que nous avions des femmes dans la culture Aborigène.
Les hommes à leur tour vont partager certains symboles comme les points avec les femmes. Principalement orientée sur des peintres corporelles, les peintures féminines étaient exemptes de points comme à Utopia. En permettant aux femmes de faire usage du pointillisme, les hommes vont donner aux femmes la possibilité d'étoffer leurs palettes et compositions, mais également de cacher ou atténuer certains signes sacrés derrière un effet de "paysages enneigé".
Rôle politique des femmes Aborigènes
Tout un pan de la culture indigène d’Australie est géré par les femmes, ce qui va leur donner également un rôle essentiel dans la politique de récupération des terres auprès des tribunaux. Elles disposent en effet de droits fondamentaux sur des Rêves et rituels connectés au territoire.
Dans les œuvres de l’exposition « Women of the desert » avec les artistes de Balgo, nous sommes confrontés à des œuvres entières qui embrassent le tout : elles résonnent des chants célébrés sur la terre, des rituels destinés à donner de la force, à nourrir les esprits comme les corps, à célébrer et entretenir le territoire pour plus de prospérité…
Ici, sur ces peintures exposées apparaît de façon codifiée, la place essentielle des femmes dans la culture nomade et la vie sociale : l’éducation des plus jeunes, l’harmonie dans la communauté, tous les mythes liés à la fertilité.
Une peinture féminine audacieuse et habitée
L’usage d’une lumière intense dans leurs peintures traduit l’incandescence de ces terres désertiques, mais également l’audace de leurs créations, quand les hommes se concentraient plus sur des teintes proches des ocres.
Les femmes évoquent dans leurs toiles, les lieux comme espaces de rencontre, comme endroits propices pour donner la vie, pour assurer la subsistance par une connaissance intime des plantes nourricières… Les éléments nourriciers sont extrapolés, transfigurés ou dupliqués sur les peintures, dans de réelles ruptures et inventions. Fruits tangibles et rituels se tutoient ainsi sur la toile, dans l'alimentation du corps et de l'esprit et traduisent l’ancrage fort au territoire avec une certaine pudeur contenue.
Quand les hommes soulignent le mouvement, les cheminements des grands ancêtres, les femmes offrent une lecture plus intime, plus incarnée du territoire, comme une sorte de matrice portant la vie de milliers de générations à travers les âges, comme un élément d’équilibre, d’apaisement et de vitalité.
Cette exposition nous invite à un voyage dans un des lieux les plus éloignés d’Australie aux confins de trois désert arides, à Balgo sur ce carrefour nomade de 7 peuples Aborigènes différents, où s’exprime une peinture féminine signifiante, habitée, au service de la vie depuis si longtemps.
Peintures Aborigènes des artistes femmes de Balgo présentées dans le cadre de l'exposition "Women of the desert" :
Exposition organisée en partenariat avec le centre d'art de Balgo (Warlayirti Artists corporate).