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bruxelles

A la sélection des œuvres dans le Great Sandy Desert Australien

Œuvre collaborative majeure de Wokka Taylor (1939) et Nancy Karnu Taylor (1941). Titre : Jantinti. Format : 300 x 122 cm. ref : 18-150. © Photo : Aboriginal Signature Estrangin gallery with the courtesy of the artists and Martumili. Plus d’informati…

Œuvre collaborative majeure de Wokka Taylor (1939) et Nancy Karnu Taylor (1941). Titre : Jantinti. Format : 300 x 122 cm. ref : 18-150. © Photo : Aboriginal Signature Estrangin gallery with the courtesy of the artists and Martumili. Plus d’informations sur cette peinture d’art Aborigène.

Les œuvres de l’exposition « Sur les pistes des Rêves » furent sélectionnées lors d’un long périple de 8000 km en 4x4 au cœur des déserts Australiens du Great Sandy, Gibson et Great Victoria. Aujourd'hui ces peintures résonnent autour de nous à la galerie et évoquent ces moments inoubliables sur les pistes rouges éloignées comme autour du 11 août 2018.

« Je suis perdu depuis hier au soir dans ce grand désert rouge Australien.  Ce matin je retourne à Yagga Yagga pour demander conseil sur la piste à prendre. Il y a 15 maisons en bon état, toutes portes ouvertes mais absolument personne. Je lance un hello à la cantonade. C’est un village fantôme. Les fils électriques sont tombés par terre. Un panneau indique danger. Au centre, quelques jeux de plein air mais pas un rire d’enfant. Cette implantation a été abandonnée il y a plusieurs années. Pour l’heure, cela ressemble à une planète abandonnée par l’homme.

Toutes les pistes indiquées sur la carte, même approximatives, ont disparu in situ.
Je tente de distinguer le moindre signe d’une trace de roue entre les buissons de Spinifex. Avec les orientations satellites je vois que je ne suis pas dans la bonne direction, quel que soit les chemins mêmes les plus impraticables. Sa précision est approximative : à 10 mètres près. L’an passé j’avais noté des erreurs à 50 m près sans doute dus à des cartographes généreux.

Je passe plus de 2h à chercher ma route en empruntant toutes les hypothèses. Après 50 km d’errements, je retrouve ainsi l’ancienne piste d’atterrissage couverte de buissons, qui n’a pas dû voir un petit avion à hélice depuis bien bien longtemps.

La carte ne correspond plus à rien. Finalement j’y renonce et je suis les lignes de faille telluriques à travers le désert en m’engageant là où semble être passé un autre véhicule. Par moment c’est bien tracé, à d’autres endroits c’est beaucoup plus délicat : érosion de la piste, arbustes en travers... Ces petites butées de terre tectoniques filent sur plus de 100 km, puis plus loin en perpendiculaire s’entrecroisent d’autres lignes. Une sorte de matrice se superpose à nos cartes occidentales. Elles servent de repère aux nomades d’Australie depuis la nuit des temps.

Cahin-caha le satellite m’indique que le direction n’est pas trop mauvaise à 45° près. J’espère un croisement de lignes telluriques futur pour retrouver le bon axe. 100 km plus loin cela commence à devenir critique, l’inquiétude monte. La piste reliant Balgo à Kiwikurra n’existe pas de toute façon sur les cartes, même les plus détaillées.

À 150 km de Balgo, je finis par rencontrer une famille Aborigène en 4x4. Ils me confirment très sympathiquement que c’est bien la piste (back track) pour Kiwikurra que l’on m’avait indiqué à Balgo. Je ne croiserai plus personne de la journée en 6h de route, ni le lendemain, avec une moyenne assez basse de 34 km/h, en raison des obstacles nombreux. Cet échange sera la seule phrase en deux jours.

Au bord de la piste, une des espèces de bush tomatoes offrent ses fruits aux extrémités de branches piquantes comme les groseilles à maquereau. Elles sont vertes et vont vers le blanc à maturité. Cette catégorie a une peau très épaisse et très dure et il ne faut pas manger les pépins noirs qui brûlent plus fort encore que le piment et peuvent abîmer les yeux si l’on a le malheur de les frotter plus tard. J’aimerais beaucoup les croiser avec nos tomates qui demandent beaucoup trop d’eau.

J’enchaine les croisements des failles telluriques, et poursuit la piste avant d’arriver au lac Mackay. L’extraordinaire peinture des artistes Wokka and Nancy Taylor sélectionnée quelques jours avant dans le centre d’art de Martumili résonne dans ma tête. »

Avec ses lignes blanches distinguées, elle offre une matrice essentielle des pistes du Great Sandy Desert, telle une carte invisible aux yeux occidentaux. Aujourd’hui cette peinture magistrale rayonne au sein de la galerie dans le cadre de l’exposition « Sur les pistes des Rêves » jusqu’au 5 octobre prochain.

Janvier 2017 : ouverture de l'exposition d'art Aborigène • Empreintes Eternelles • Bruxelles

Vue de l'exposition d'art Aborigène "Empreintes Eternelles" en partenariat avec Tjungu Palya Arts. Toile collaborative Watarru. Titre : Ilpili. Format : 200 x 150 cm. A la droite de la peinture : un pôle de cérémonie en tronc d'eucalyptus peint en p…

Vue de l'exposition d'art Aborigène "Empreintes Eternelles" en partenariat avec Tjungu Palya Arts. Toile collaborative Watarru. Titre : Ilpili. Format : 200 x 150 cm. A la droite de la peinture : un pôle de cérémonie en tronc d'eucalyptus peint en pigments naurels, de la communauté Aborigène de Maningrida.

Symbolisée par cette magnifique toile collaborative des artistes de la communauté artistique de Tjungu Palya, demain soir c'est le vernissage de notre exposition "Empreintes Eternelles".

A travers 30 œuvres du désert Australien du APY land, les 15 artistes principaux du centre d'art (Maringka, Theresa, Béryl, Ruth, Bernard, Nellie, Tjampawa, Angkaliya, Tiger...) partagent avec nous leurs savoirs ancestraux, transposés, magnifiés et sublimés sur ces peintures contemporaines magistrales.

Si en Australie ils reçoivent régulièrement des prix prestigieux pour leurs œuvres, c'est également un honneur partagé avec eux d'être exposés ainsi en Europe. Leur culture si fragilisée à travers les siècles récents, est enfin de plus en plus reconnue à travers le monde.

L'exposition se tient du 18 janvier au 18 février à la galerie Aboriginal Signature • Estrangin.
Un RDV à ne pas manquer à Bruxelles : 101 rue Jules Besme, 1081.

Plus d'info ici sur cette exposition d'art Aborigène.


Quelques mots sur l'œuvre Aborigène de cette photo :

Cette peinture collaborative importante pour la communauté, évoque une histoire de la Création des Deux Soeurs associées à Ilpili.

Ces deux femmes escaladaient différents blocs rocheux pendant que l'Homme Wati était à leur recherche sans pouvoir les apercevoir. La jeune femme était enceinte et se cachait avec sa sœur ainée dans une grotte aux pieds d'une colline.

L'homme grimpa tout en haut pour les appeler : Yaltji, minyma kutjara? "Où êtes-vous ?"