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Interview des collectionneurs d'art Aborigène : Francis Missana et Marc Sordello

Au milieu, la co-commissaire d'exposition Erica Izett, entourée à gauche par les collectionneurs d'art Aborigène Francis Missana et Marc Sordello. © Photo with the courtesy of Jacques Tomasini.

Au milieu, la co-commissaire d'exposition Erica Izett, entourée à gauche par les collectionneurs d'art Aborigène Francis Missana et Marc Sordello. © Photo with the courtesy of Jacques Tomasini.

Bertrand : En tant qu'européen, depuis plusieurs années vous collectionnez ensemble l'art Aborigène d'Australie et vous exposez avec succès votre collection dans de nombreux musées en Europe. Pourriez-vous nous dire en quoi l'exposition à Monaco se détache de toutes les précédentes ?

M.S. et F.M. : L’exposition « Eaux Vivantes » est à la fois très différente mais s’inscrit aussi dans la lignée des précédentes (MAMAC – IVAM – MURAM – MUPAM – Musée d’Aquitaine – Museo Bilotti de la Villa Borghèse), par le fait du lieu et celui des nouveaux artistes invités.

La vocation de la collection Sordello Missana, au-delà d’être montrée et partagée, est de promouvoir l’art Indigène australien dans des espaces dédiés à l’art contemporains et d’imaginer un thème d’exposition se rapportant à l’essence de l’espace.

Le musée Océanographique de Monaco, dédié à la mer et à l’océan, nous a offert une nouvelle thématique originale, celle de l’eau. Cette dernière a permis à notre commissaire d’exposition le Dr Erica Izett, assistée du professeur Ian McLean, du Dr Georges Petitjean et de Donna Carstens, de développer un projet passionnant et d’obtenir les participations du ANMM de Sydney, de la collection Kerry Stokes de Perth, du AAM d’Utrecht, de la collection suisse Kunga de madame Bérengère Primat ainsi que de votre généreux concours cher Bertrand Estrangin.
SAS Albert II nous a également fait l’honneur de nous prêter trois œuvres de sa collection personnelle.

Par ailleurs la nouveauté provient également des artistes invités pour la première fois et qui se sont déplacés d’Australie pour l’installation de leurs œuvres, en particulier Imants Tillers, Ruark Lewis, Barayuwa Mununggurr et Whaiora Tukaki.

Vue de l'exposition "Eaux Vivantes" avec la collection Sordello-Missana. © Photo with the courtesy of Jacques Tomasini.

Vue de l'exposition "Eaux Vivantes" avec la collection Sordello-Missana. © Photo with the courtesy of Jacques Tomasini.

Bertrand : Quels angles nouveaux avez-vous donné à votre collection d'art Aborigène, perceptible dans l'expo ?

M.S. et F.M. : Depuis quelques années, aussi avec les conseils experts de nos amis Erica Izett et Ian McLean, Francis et moi-même, initialement collectionneurs de l’art Aborigène du désert, avons réorienté la collection et ses nouvelles acquisitions vers l’art Aborigène dit « urbain » (Urban Art), qui produit des œuvres sublimes avec d’autres médiums que celui de l’acrylique sur toile utilisée par les artistes des communautés reculées, des mediums tels que la photographie, le film etc …

Nous avons la grande fierté d’avoir désormais dans la collection des œuvres de Tracey Moffatt, Christian Thompson, Judy Watson, Michael Cook, Darren Siwes, Reko Rennie etc. Cependant nous sommes toujours, évidemment, des passionnés de l’art Indigène contemporain dit traditionnel puisque nous avons également acquis récemment une peinture sur écorce de Barayuwa Munungguurr ainsi qu’une peinture sur toile de Ned Grant et une autre de Ngupulya Punmani, œuvres d’ailleurs visibles à l’exposition de Musée Océanographique.

Vue de l'exposition "Eaux Vivantes" avec la collection Sordello-Missana. © Photo with the courtesy of Jacques Tomasini.

Vue de l'exposition "Eaux Vivantes" avec la collection Sordello-Missana. © Photo with the courtesy of Jacques Tomasini.

Bertrand : Quel a été pour vous le moment le plus marquant dans l'expo ?

M.S. et F.M. : Sans doute cette nouvelle rencontre avec Son Altesse Sérénissime et la joie qui émanait de son visage lorsque Francis et moi-même lui avons offert une œuvre superbe de Nyarrapayi Giles de Ngaanyatjarra Lands en Western Australia.

Bertrand : Quel est le moment magique que vous avez vécu avec un artiste ?

M.S. et F.M. : Magique est tout à fait le mot pour évoquer l’échange et les explications de l’artiste Ruark Lewis sous ses bannière « Abris d’Etoiles » dont se dégage une extrême poétique presque mystique. Je dois aussi ajouter que je fus également très touché lorsque Barayuwa Mununggurr, qui collabore d’ailleurs beaucoup avec Ruark, exécuta un concert improvisé de Didgeridoo dans la Salle Albert 1er – surréaliste!   

On en parle dans la Libre Belgique : Découvrir l’art et la culture des aborigènes australiens

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Merci au quotidien la Libre Belgique et à Monsieur Lorent pour cet article sur l'exposition des artistes Aborigènes du Spinifex Art Project.

... ART VISUEL : "Espace d’art unique en Europe, Aboriginal Signature est à la fois une galerie de peinture contemporaine et un centre d’information. Une originalité bruxelloise." ...

Article complet à lire ici.

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« Spinifex People as Cold War Moderns » par Greg Castillo

Territoire du Spinifex Art Project. Les cercles végétaux sont constitués par les herbes du Spinifex qui au fil des années se désagrègent en leur centre pour former des corolles fascinantes vue du ciel. © Photo : Aboriginal Signature gallery, en 2014.

Territoire du Spinifex Art Project. Les cercles végétaux sont constitués par les herbes du Spinifex qui au fil des années se désagrègent en leur centre pour former des corolles fascinantes vue du ciel. © Photo : Aboriginal Signature gallery, en 2014.

Nous souhaitons remercier Monsieur Greg Castillo - Associate Professor, Department of Architecture College of Environmental Design, University of California, Berkeley. Il a sympathiquement accepté le principe d'une traduction en français d'un résumé de son remarquable article sur les artistes du Spinifex Art Project : " Spinifex People as Cold War Moderns".

Résumé en français (traduction Aboriginal Signature gallery) :

Les œuvres des artistes contemporains Aborigènes d’Australie, expriment leurs traditions indigènes conjuguées avec un sens global sans précédent de la modernité.
Cela s’applique avec une acuité particulièrement marquée aux fondateurs du Spinifex Art Project. Cette communauté établie en 1997 a démarré avec ce qui pourrait s'apparenter à des « peintures gouvernementales » : en réalité des œuvres collaboratives de large format, conçues pour revendiquer leurs territoires d’origine dont ils ont été expropriés.
Ces peintures magistrales ont été utilisées dans le cadre du processus du Native Act Title, au cours de négociations avec le gouvernement de l’Ouest de l’Australie.

Les essais nucléaires Britanniques et Australiens en 1950 ont arraché les Anangu Juta Pila Nguru - identifiés de nos jours comme le peuple du Spinifex - à leur mode de vie nomade. L’exode, puis la lutte des Aborigènes pour récupérer leurs terres ancestrales par l'entremise de peintures, a conduit à l’expression
d’éléments territoriaux probants sur les toiles, au-delà des mythes du temps du Rêve, pour attester et revendiquer leurs droits fonciers autochtones.

Tout cela s’est accompli dans un contexte marqué par les répercussions de l'ère atomique et de son impact sur une culture apparemment loin des lignes de front des conflits de la guerre froide.

Pour en savoir plus : article complet en anglais de Greg Castillo, disponible sur le site de L'université de Pittsburgh.