Merci au quotidien national Le Soir pour leur bel article sur la démarche d'un collectionneur d'art Aborigène pendant 15 ans, et le projet de lancement d'une galerie spécialisée dédiée à cet art millénaire des antipodes.
Interview des collectionneurs d'art Aborigène : Francis Missana et Marc Sordello
Bertrand : En tant qu'européen, depuis plusieurs années vous collectionnez ensemble l'art Aborigène d'Australie et vous exposez avec succès votre collection dans de nombreux musées en Europe. Pourriez-vous nous dire en quoi l'exposition à Monaco se détache de toutes les précédentes ?
M.S. et F.M. : L’exposition « Eaux Vivantes » est à la fois très différente mais s’inscrit aussi dans la lignée des précédentes (MAMAC – IVAM – MURAM – MUPAM – Musée d’Aquitaine – Museo Bilotti de la Villa Borghèse), par le fait du lieu et celui des nouveaux artistes invités.
La vocation de la collection Sordello Missana, au-delà d’être montrée et partagée, est de promouvoir l’art Indigène australien dans des espaces dédiés à l’art contemporains et d’imaginer un thème d’exposition se rapportant à l’essence de l’espace.
Le musée Océanographique de Monaco, dédié à la mer et à l’océan, nous a offert une nouvelle thématique originale, celle de l’eau. Cette dernière a permis à notre commissaire d’exposition le Dr Erica Izett, assistée du professeur Ian McLean, du Dr Georges Petitjean et de Donna Carstens, de développer un projet passionnant et d’obtenir les participations du ANMM de Sydney, de la collection Kerry Stokes de Perth, du AAM d’Utrecht, de la collection suisse Kunga de madame Bérengère Primat ainsi que de votre généreux concours cher Bertrand Estrangin.
SAS Albert II nous a également fait l’honneur de nous prêter trois œuvres de sa collection personnelle.
Par ailleurs la nouveauté provient également des artistes invités pour la première fois et qui se sont déplacés d’Australie pour l’installation de leurs œuvres, en particulier Imants Tillers, Ruark Lewis, Barayuwa Mununggurr et Whaiora Tukaki.
Bertrand : Quels angles nouveaux avez-vous donné à votre collection d'art Aborigène, perceptible dans l'expo ?
M.S. et F.M. : Depuis quelques années, aussi avec les conseils experts de nos amis Erica Izett et Ian McLean, Francis et moi-même, initialement collectionneurs de l’art Aborigène du désert, avons réorienté la collection et ses nouvelles acquisitions vers l’art Aborigène dit « urbain » (Urban Art), qui produit des œuvres sublimes avec d’autres médiums que celui de l’acrylique sur toile utilisée par les artistes des communautés reculées, des mediums tels que la photographie, le film etc …
Nous avons la grande fierté d’avoir désormais dans la collection des œuvres de Tracey Moffatt, Christian Thompson, Judy Watson, Michael Cook, Darren Siwes, Reko Rennie etc. Cependant nous sommes toujours, évidemment, des passionnés de l’art Indigène contemporain dit traditionnel puisque nous avons également acquis récemment une peinture sur écorce de Barayuwa Munungguurr ainsi qu’une peinture sur toile de Ned Grant et une autre de Ngupulya Punmani, œuvres d’ailleurs visibles à l’exposition de Musée Océanographique.
Bertrand : Quel a été pour vous le moment le plus marquant dans l'expo ?
M.S. et F.M. : Sans doute cette nouvelle rencontre avec Son Altesse Sérénissime et la joie qui émanait de son visage lorsque Francis et moi-même lui avons offert une œuvre superbe de Nyarrapayi Giles de Ngaanyatjarra Lands en Western Australia.
Bertrand : Quel est le moment magique que vous avez vécu avec un artiste ?
M.S. et F.M. : Magique est tout à fait le mot pour évoquer l’échange et les explications de l’artiste Ruark Lewis sous ses bannière « Abris d’Etoiles » dont se dégage une extrême poétique presque mystique. Je dois aussi ajouter que je fus également très touché lorsque Barayuwa Mununggurr, qui collabore d’ailleurs beaucoup avec Ruark, exécuta un concert improvisé de Didgeridoo dans la Salle Albert 1er – surréaliste!