Après plus de 1000 km sur les pistes du désert central, je remonte vers le nord. Le 4x4 prend des allures de voiture fantôme. Une épaisse croûte de terre ocre séchée recouvre la plaque d'immatriculation. Pratique pour les radars !
Il est souvent impossible de contourner les étendues boueuses qui barrent la route.
C'est à quitte ou double. Soit cela passe, soit on reste bloqué au milieu et là c'est une autre histoire. Heureusement que je suis équipé d'un téléphone satellite.
Il faut une vigilance de tous les instants sur ces pistes peu fréquentées. Cela fait deux jours que je n'ai vu personne.
En un instant la piste rouge assez consistante se transforme en dune de sable où le véhicule semble flotter comme sur de la neige, puis redevient comme de la tôle ondulée, ou offre des creux de 50 cm de profondeur. Une vitesse réduite et le mode 4x4 sont d'une grande aide.
Hier matin je fus réveillé par un troupeau sauvage de chameaux. Je suis sorti aussitôt de mon swag pour les prendre en photo. Ils n'ont aimé du tout et ont pris peur. D'abord intrigués ils se sont enfuis à toute jambe.
Plus tard dans la journée je retrouvais un chameau en pièces détachées. Chapeau à Madame nature pour ce beau puzzle. La structure osseuse est magnifique pour des pièces importées en Australie.
Avant hier j'ai dormi près d'une mine abandonnée. Une ancienne Chrysler des années 50 ou 60 semblait de la même couleur que les pierres extraites. Le propriétaire devait avoir de l'humour. La pierre verte, superbe en soit, était vendue aux Chinois comme du Jade. La combine a marché un temps puis ils se sont rendus compte de la supercherie.
Le soir, c'est soirée de gala. Pendant que je me réchauffe auprès du feu, les insectes sont de sortie. Certains viennent profiter à distance de la chaleur des flammes. D'autres brillent au loin dans leurs robes colorées chatoyantes. Ils ont tous des tailles impressionnantes. Les punaises sont 4 fois plus grandes que chez nous.
Sur la route aujourd'hui j'ai croisé des lieux formidables, dont des trous d'eau utilisés par les Aborigènes depuis des millénaires.
S’asseoir un instant, songer à leurs périples nomades, ressentir l'importance vitale du lieu, observer ça et là quelques pierres taillées il y a deux siècles ou 10 millénaires... C'est saisissant et émouvant !
Au bord de la piste je voyais hier des branchages en forme de hutte. Recouverts d'une couverture ils ont dû servir de refuge le temps d'une nuit, ou deux, à la suite d'une panne d'un véhicule.
Quand je vois le climat australien avec ces nuits hivernales bien fraîches, je suis admiratif des capacités d'adaptation des Aborigènes qui ont su faire face aux caprices des éléments sans moyen particulier.
Je m'imprègne des lieux, de ces immenses espaces Australiens, des paysages Aborigènes si étranges, des arbres ou espèces endémiques. À chaque pas des odeurs s'élèvent du sol. Je tente de reconnaître certaines plantes en les froissant. C'est un autre univers olfactif. Pas si simple !
Ce nouveau voyage en Australie est riche de découvertes et d'apprentissages. Dans le futur il me faudra apprendre la langue des Aborigènes du APY land.
J'aimerais pouvoir mieux échanger avec eux, surtout avec les plus anciens qui ne parlent pas anglais ou très très peu.
Après la visite de 8 centres d'art si différenciés, je fais une pause avant de m'approcher du mythique monolithe d'Uluru. Ce matin je retrouve l'asphalte.