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Contemplating the Stars, the Present and Future - On a Personal Note

by Natalie McCarthy, studio coordinator at Mangkaja Arts, June 2020

As Studio coordinator, I have only been working with Mangkaja artists for two years, a short time in the history of MARA. The magic that happens in the studio is remarkable but can be a daily occurrence. Seeing a work unfold before my very eyes, there are no real words to describe that feeling, the buzz. Or when an artist such as Eva Nargoodah brings in a work you know they have laboured over for many weeks, even months in between juggling family life and grand kids.

Peinture Aborigène et gravure sur place de métal de l’artiste Ngarralja Tommy May  - JILJI AND BILA - 60 x 60 cm - 340/19

Peinture Aborigène et gravure sur place de métal de l’artiste Ngarralja Tommy May - JILJI AND BILA - 60 x 60 cm - 340/19

There it is, just like a miracle. In the forefront is Mangkaja’s former Chair, founding member and one of the last remaining Rainmakers, Senior Law man Ngarralja Tommy May. He would usually come into the studio every day, except for the last few months because we have had to close due to the Corona Virus pandemic, which has been difficult for him. Tommy began his working career as a stockman, taking him through the western and central desert regions and as far north as Arnhem Land, learning many of the dialects on the way. Since he began doing art, things have changed a lot for Tommy, except for the travel bit. Not only including most of Australia, Tommy has travelled the world over, recently returning from New York Outsider Art Fair earlier in January 2020. He says," It's my job and it's a good job" because he gets to travel everywhere and try different things. "And now I've even done fashion" referring to the successful collaboration with Australian fashion house Gorman that happened last year. Tommy is highly regarded for his distinguished printmaking skills, which have provided the foundation and a natural progression for the development of his etchings onto tin works. He has also experimented with digital animation, jewellery and is an innovator with his art practice in general. Kurtal 2019 uses pens and markers normally used by graffiti and street artists to tell the ceremonial story of Kurtal digging the Jila and bringing the rain.

Peinture Aborigène de l’artiste Sonia Kurarra  - MARTUWARRA - 240 x 120 cm - 182/19.

Peinture Aborigène de l’artiste Sonia Kurarra - MARTUWARRA - 240 x 120 cm - 182/19.

Sonia Kurarra is also an artist who would work every day, all day if you let her. Her stream of consciousness mark making enables her to recreate again and again her fond memories of growing up by the Fitzroy River. Immersing herself and the viewer in painterly-layered renditions of the flora and fauna that exist there and even created it. Sonia was the first to try her hand on Perspex after picking up a discarded piece in the studio to work on and has taken the medium to new levels, leading the way for her sister Mrs Japulija (dec.2020) and the rest of the Mangkaja senior artists to try. Around the time Sonia and Mrs Japulija produced the Perspex works included in this show they also collaborated together on the most ambitious Perspex installation to date, producing six panels reaching three metres high, of double sided transparent work, hung from the ceiling and causing a sensation at the MCA Sydney as part of The National March 2019. Mrs Japulija’s Billabongs 2019, as seen in 36th NATSIAA can also be viewed from front and back. The transparency shows the subtle structured layers she created with grids and circles to represent the billabong country of the Fitzroy Valley after flood time and looks completely different on each side. One of her last works to be created on the Perspex medium.

Peinture Aborigène de l’artiste  Rosie King Tarku  - Desert From The Air - 120 x 120 cm - 20/20

Peinture Aborigène de l’artiste Rosie King Tarku - Desert From The Air - 120 x 120 cm - 20/20


When Rosie Tarco King enters the studio she will announce, "I've walked a long way I have, I walked a long way me". She is not referring to the aged care facility where she now lives but the desert she walked out of as a young woman in the 60’s, one of the last nomads of the area. A long- time member of Mangkaja, Rosie has had a remarkable explosion in paint lately to create these new paintings that recall the landmarks and maps of country she travelled across in the Great Sandy Desert.It’s been quiet in the studio since we have had to close with Corona-19 restrictions and there have been a lot of adjustments to continue supporting the artists and allow them to keep doing what they do best, making art whilst keeping them safe.Since last year and just recently we have sadly lost two more of the artists included in the show. With personal stories that show great resilience and survival, their art connects us to place and keeps it alive for generations to come. The strength and confidence to which MARA artists have made their mark up until today leaves a conscious space for the younger artists to come through and try their hand at painting, perspex, tin, jewellery, fashion or something new.

A la sélection des œuvres dans le Great Sandy Desert Australien

Œuvre collaborative majeure de Wokka Taylor (1939) et Nancy Karnu Taylor (1941). Titre : Jantinti. Format : 300 x 122 cm. ref : 18-150. © Photo : Aboriginal Signature Estrangin gallery with the courtesy of the artists and Martumili. Plus d’informati…

Œuvre collaborative majeure de Wokka Taylor (1939) et Nancy Karnu Taylor (1941). Titre : Jantinti. Format : 300 x 122 cm. ref : 18-150. © Photo : Aboriginal Signature Estrangin gallery with the courtesy of the artists and Martumili. Plus d’informations sur cette peinture d’art Aborigène.

Les œuvres de l’exposition « Sur les pistes des Rêves » furent sélectionnées lors d’un long périple de 8000 km en 4x4 au cœur des déserts Australiens du Great Sandy, Gibson et Great Victoria. Aujourd'hui ces peintures résonnent autour de nous à la galerie et évoquent ces moments inoubliables sur les pistes rouges éloignées comme autour du 11 août 2018.

« Je suis perdu depuis hier au soir dans ce grand désert rouge Australien.  Ce matin je retourne à Yagga Yagga pour demander conseil sur la piste à prendre. Il y a 15 maisons en bon état, toutes portes ouvertes mais absolument personne. Je lance un hello à la cantonade. C’est un village fantôme. Les fils électriques sont tombés par terre. Un panneau indique danger. Au centre, quelques jeux de plein air mais pas un rire d’enfant. Cette implantation a été abandonnée il y a plusieurs années. Pour l’heure, cela ressemble à une planète abandonnée par l’homme.

Toutes les pistes indiquées sur la carte, même approximatives, ont disparu in situ.
Je tente de distinguer le moindre signe d’une trace de roue entre les buissons de Spinifex. Avec les orientations satellites je vois que je ne suis pas dans la bonne direction, quel que soit les chemins mêmes les plus impraticables. Sa précision est approximative : à 10 mètres près. L’an passé j’avais noté des erreurs à 50 m près sans doute dus à des cartographes généreux.

Je passe plus de 2h à chercher ma route en empruntant toutes les hypothèses. Après 50 km d’errements, je retrouve ainsi l’ancienne piste d’atterrissage couverte de buissons, qui n’a pas dû voir un petit avion à hélice depuis bien bien longtemps.

La carte ne correspond plus à rien. Finalement j’y renonce et je suis les lignes de faille telluriques à travers le désert en m’engageant là où semble être passé un autre véhicule. Par moment c’est bien tracé, à d’autres endroits c’est beaucoup plus délicat : érosion de la piste, arbustes en travers... Ces petites butées de terre tectoniques filent sur plus de 100 km, puis plus loin en perpendiculaire s’entrecroisent d’autres lignes. Une sorte de matrice se superpose à nos cartes occidentales. Elles servent de repère aux nomades d’Australie depuis la nuit des temps.

Cahin-caha le satellite m’indique que le direction n’est pas trop mauvaise à 45° près. J’espère un croisement de lignes telluriques futur pour retrouver le bon axe. 100 km plus loin cela commence à devenir critique, l’inquiétude monte. La piste reliant Balgo à Kiwikurra n’existe pas de toute façon sur les cartes, même les plus détaillées.

À 150 km de Balgo, je finis par rencontrer une famille Aborigène en 4x4. Ils me confirment très sympathiquement que c’est bien la piste (back track) pour Kiwikurra que l’on m’avait indiqué à Balgo. Je ne croiserai plus personne de la journée en 6h de route, ni le lendemain, avec une moyenne assez basse de 34 km/h, en raison des obstacles nombreux. Cet échange sera la seule phrase en deux jours.

Au bord de la piste, une des espèces de bush tomatoes offrent ses fruits aux extrémités de branches piquantes comme les groseilles à maquereau. Elles sont vertes et vont vers le blanc à maturité. Cette catégorie a une peau très épaisse et très dure et il ne faut pas manger les pépins noirs qui brûlent plus fort encore que le piment et peuvent abîmer les yeux si l’on a le malheur de les frotter plus tard. J’aimerais beaucoup les croiser avec nos tomates qui demandent beaucoup trop d’eau.

J’enchaine les croisements des failles telluriques, et poursuit la piste avant d’arriver au lac Mackay. L’extraordinaire peinture des artistes Wokka and Nancy Taylor sélectionnée quelques jours avant dans le centre d’art de Martumili résonne dans ma tête. »

Avec ses lignes blanches distinguées, elle offre une matrice essentielle des pistes du Great Sandy Desert, telle une carte invisible aux yeux occidentaux. Aujourd’hui cette peinture magistrale rayonne au sein de la galerie dans le cadre de l’exposition « Sur les pistes des Rêves » jusqu’au 5 octobre prochain.

La part invisible de la Création de la Terre : Yirrkala - Arnhem Land

Vue d’une partie de l’exposition Miny’tji - Essence of the Land • Art Aborigène de Yirrkala - Arnhem Land. © Photo Aboriginal Signature gallery with the courtesy of the artist.

Vue d’une partie de l’exposition Miny’tji - Essence of the Land • Art Aborigène de Yirrkala - Arnhem Land. © Photo Aboriginal Signature gallery with the courtesy of the artist.

J’en rêvais depuis des années. En raison des distances, des enjeux de transport par bateau et avion, la perspective d’organiser à Bruxelles une grande exposition avec le nord de l’Australie et leurs extraordinaires écorces peintes était comme un challenge.

Puis en juillet dernier le temps était venu de lancer le projet. Je me rendais à Yirrkala en pleine Terre d’Arnhem, dans une vaste zone tropicale de l’Australie en grande partie intacte et non touchée par l’homme.  Sur un territoire aussi grand que trois fois la Belgique, vivent juste 3800 Aborigènes Yolngu. 

A 17 000 km de la capitale de l’Europe, juste de l’autre côté de la terre, pendant 5 jours, je vais appréhender avec eux leur territoire, chasser en leur compagnie le poisson Barramundi dans la mangrove, munis d’une lance et d’un propulseur sans grand succès.

Les rencontres avec les artistes furent très marquantes. Les observer peindre ces fines lignes d’ocres quadrillés confine à un moment partagé de méditation tant résonne sur l’écorce plane le savoir spirituel de ces grands initiés.

Telle combinaison de couleurs souligne ici le clan de l’artiste. Telle matrice géométrique évoque la part invisible de la Création de la Terre par les grands ancêtres au temps du Rêve. Les évènements sont grandioses, comme cette rivière qui ouvre le ventre de la planète pour inventer un estuaire en des temps géologiques. Derrière des formes taillées en losange comme des diamants, ou disposés en carrés juxtaposés comme les quartiers de New-York city, ou en lignes parallèles tels les scarifications des niveaux d’initiation des anciens, se glissent de façon sous-jacente, codifiée, ce savoir sans cesse célébré depuis la nuit des temps.

Cette exposition est un véritable voyage pictural, au cœur de formes essentielles dont la proximité graphique résonne dans notre propre univers, au delà des frontières, langues et cultures.

A de rares exceptions, les œuvres nous semblent tout d’abord abstraites, proche des codes de notre art contemporain occidental. Et pourtant derrière ces figures géométriques dansantes, s’épanouissent les ancêtres totémiques comme les crocodiles, dugongs ou requins… A l’inverse du désert central australien, la terre est ici luxuriante et généreuse. 

Les écorces d’eucalyptus peintes ondulent sous la lumière, et offrent des effets de drapé dignes de l’antiquité romaine. Nous sommes aux confins de la peinture et de la sculpture par les vibrations qui jouent avec les fibres du bois et les nœuds des troncs.

Chaque événement naturel est sublimé et révèle l’écho savant du peuple Yolngu, gardien de cette terre depuis 65 000 ans.

20 artistes de premiers plans nous présentent ici la quintessence de leur art millénaire. Habitués aux cimaises des musées en Australie, à Washington, au British Museum, ou au MET, ils nous offrent ici à Bruxelles la chance d’appréhender leur art de visu.

Agés de 24 ans à 80 ans, ils nous invitent dans un voyage intérieur, au delà des frontières du perceptible, par le vecteur de la noblesse des matériaux d’ocres et de bois et l’infini délicatesse de tracés signifiants.

A bientôt,

Bertrand Estrangin