Les œuvres de Yinarupa Nangala rejoignent comme ici la grande tradition de Papunya Tula avec un geste précis, délicat, offrant une vision toute nuancée du territoire.
Dans cette œuvre magistrale rayonnent plusieurs dimensions autour de lieux sacrés emblématiques pour son peuple. Nous nous retrouvons ainsi face à une carte empirique et spirituelle à la fois, avec des trous d'eau qui transparaissent par endroits.
L'artiste évoque les cheminements nomades millénaires à travers le territoire, vers les lieux de Mukula et de Marrapinti. Ce dernier endroit est important pour les Aborigènes de son clan. Ils y réalisent des os insérés dans le "web" du nez lors des cérémonies rituelles d'initiation des jeunes adolescents et adolescentes.
L'artiste traite ainsi de la fabrication de ces objets mais également de leur usage ultérieur lors des cérémonies. Différents espaces temps se répondent ainsi dans l'œuvre.
Différentes constructions élaborées soulignent des cérémonies féminines, mais également des collectes de nourritures pour subsister dans ce désert semi-aride.
Bien plus qu'une peinture cette œuvre est également un témoignage des connaissances transmises à travers les générations.
Le thème "Marapinti", à la fois lieu de l'élaboration des os mis dans le nez, mais également des cérémonies associés, est traité au sein de l'exposition "Aux sources de l'art", à travers 8 peintures réalisées par les artistes femmes : Yalti Napandati, Nanyuma Napangati, Monica Napaltjarri.
Plus d'info sur cette œuvre de Yinarupa Nangala.
Exposition au Musée d'Art Aborigène d'Utrecht : Mapping Australia - Country to Cartography
Le 3 octobre dernier, nous étions au vernissage de l'exposition "Mapping Australia" au Musée d'art Aborigène contemporain d'Utrecht, inauguré par le Roi Willem-Alexander et de la Reine Maxima des Pays-Bas.
Il s'agit d'une exposition historique sur l'Australie et également l'art Aborigène, célébrant l'arrivée des hollandais il y a 400 ans sur les côtes Australiennes dans le cadre des explorations de la VOC.
Les premières cartes réalisées par des Européens il y a 400 ans sont exposées au Musée d'Utrecht et dialoguent avec des œuvres d'art Aborigènes magistrales d'artistes contemporains, célébrant le territoire et les pistes chantées accomplies par ce peuple depuis des millénaires.
Une mention spéciale pour les œuvres de Judy Watson en vidéo, sur toile ou sur papier. Elles évoquent à la fois les évènements tragiques de la colonisation, mais également des crises environnementales récentes, à travers des cartes sublimées et incarnées par ces évènements.
Des montages photographiques de l'artiste Michael Cook questionnent notre vision du monde et ce choc des civilisations entre l'arrivée des occidentaux en Australie et la rencontre avec le peuple Aborigène.
De superbes nacres gravées de 1900 soulignent quant à elles toute l'ancestrale modernité de ce mouvement artistique et autant de témoignages cartographiques sur de multiples supports.
L'assiette en étain de 1616, commémorative du passage de DIrk Hartog il y a 400 ans était présente lors du vernissage, prêtée par une institution.
Les nombreuses cartes imprimées ou originales, juste ébauchées par les hollandais lors des premières découvertes des côtes australiennes sont émouvantes et mystérieuses.
Notre galerie Aboriginal Signature a également participé à cette exposition, en prêtant au musée une œuvre magistrale de 3m sur 2 des artistes Aborigènes hommes du Spinifex Art Project. Il s'agit d'une carte ancestrale de leur territoire, qui leur permis à travers une œuvre comparable de récupérer leur territoire traditionnel en 1991.
Cette exposition passionnante, montée par le conservateur Georges Petitjean, et toute l'équipe du Musée, mérite le détour dans cette charmante ville d'Utrecht.
A ne pas manquer à jusqu'au 15 janvier 2017.
A noter : au deuxième étage figure l'exposition permanente de la collection de l'AAMU, qu'il ne faut pas oublier de visiter également.
Plus d'info sur l'exposition à l'AAMU.
Info sur les horaires d'ouverture du musée.
L'artiste Aborigène Lena Nyadbi a les honneurs de France 2
L'artiste Aborigène Lena Nyadbi de la communauté de Warmun a les honneurs de France 2, dans l'émission d'Art d'Art. Une des premières fois qu'ils évoquent l'art Aborigène d'Australie dans cette excellente émission de Frédéric Taddei.
Vous voulez en savoir plus ? Voilà l'histoire merveilleuse un peu plus complète de cette œuvre magistrale sur le toit du Musée du Quai Branly à Paris.
Lorsque il y a des millénaires, l'ancêtre poisson Barramundi a accompli son œuvre, il rejoint les entrailles de la terre où se trouvent les ancêtres du Temps du Rêve.
En passant par le cône d'un ancien volcan trop étroit, il perd une partie de ses écailles. Avec le temps comme des fossiles, celles-ci se sont transformées en pierres brillantes visibles en surface.
Pour les Aborigènes ces traces lumineuses ont toujours attesté de cette grande époque de la Création.
Bien plus tard, lors de leur conquête des territoires Australiens, les colons découvriront que ces pierres brillantes sont en fait des diamants à même le sol. Ils furent rejetés par le volcan à travers les fragments de Kimberlite.
L'artiste Lean Nyadbi est la gardienne de ce lieu transmis de génération en génération. En revanche celui-ci a été détruit par l'occident. La colline du volcan a disparu aujourd'hui pour céder la place à l'immense mine d'Argyle, la plus grande mine de diamant au monde, exploitée par Rio Tinto.
Les Aborigènes sont en partie indemnisés ici pour l'usage de leur terre... Un sujet très très sensible en Australie.
Une œuvre de l'artiste à découvrir à Bruxelles au sein de notre galerie :
http://www.aboriginalsignature.com/art-aborigene-warmun-1/lena-nyadbi
N.B. : il est possible que la vidéo soit difficile à voir ailleurs qu'en France, en raison des copyrights de France Télévision.