Dans cette peinture d'art Aborigène tout est traduit en incandescence.
La chaleur accablante et intense du désert central Australien s'y développe dans de multiples nuances de rouges, d'oranges et de jaunes irisés. Ces couleurs chaudes illuminent la toile et ourlent les cercles concentriques des trous d’eau bienvenus. Tels des étapes cruciales, avec leurs centres sombres, ils ponctuent la marche des Grands Ancêtres et suggèrent la distance dans ces périples infinis des nomades d’hier, avec les risques de la soif toujours dangereuse et omniprésente.
Dans cette composition magistrale et presque matricielle, le regard embrasse les pistes chantées du Temps du Rêve. Elles scindent l’espace par des bandes perpendiculaires comme autant de carrefours spirituels structurant le territoire. Plus l'on se rapproche pour percevoir le geste de l'artiste, plus apparaît dans le détail une ponctuation infinie de points, qui adoucissent la radicalité de la composition géométrique.
Dans cette poésie pointilliste où l’œil s'évade, d'autres espaces-temps s'invitent aux endroits cardinaux de la peinture. Dans une myriade d’orangés, se détachent l’enchaînement infini des crêtes des dunes de sable du désert aride en bas à gauche. Ailleurs, la vigueur du balancement de la marche cède la place à des moments plus intimes, liés à la vie près des lieux sacrés, aux collectes de nourriture, aux cérémonies rituelles… L'œuvre multidimensionnelle conjugue le passé ancestral au présent avec toute la richesse empirique et sacrée d'un savoir millénaire.
Dans une émouvante fusion avec la terre de ses ancêtres, l’artiste Maringka Baker partage ici une histoire du Temps du Rêve liée aux deux Sœurs.
La sœur la plus vénérable voyage avec sa sœur plus jeune vers leur territoire traditionnel. Dans ce parcours initiatique, elle lui enseigne tout son savoir pour habiter ce territoire des anciens. La plus jeune sœur ne souhaitait pas aller plus loin vers le nord, car elle vivait auparavant dans une autre famille plus au sud proche de l'océan. Elle a été déracinée pendant une longue période et ne connaît pas la terre de sa grande sœur, qui profite de ce voyage d'initiation pour lui transmettre toutes ses connaissances.
Pour l'aider un temps, sa sœur la porte sur son dos durant leur long cheminement. Par moment elles s'arrêtent pour accomplir les cérémonies Inma qui consistent en des chants et danses sacrés. Puis elles poursuivent leur cheminement nomade au nord de la Docker River.
Chaque partie segmentée de l’œuvre est comme un chapitre d’un livre dont une partie des codes nous échappe mais dont nous pouvons ressentir ici toute la résonance et la subtilité suggérée.
Cette peinture de 200 x 200 cm est actuellement exposée à Bruxelles dans le cadre de l'exposition "Empreintes Eternelles" en partenariat avec Tjungu Palya Arts.
Jusqu'au 18 février chez Aboriginal Signature • Estrangin gallery, 101 rue Jules Besme, 1081 Bruxelles.
Plus d'info ici sur cette peinture d'art Aborigène remarquable.