Empreinte des peuples nomades
La terre Australienne est comme une immense empreinte dessinée par des milliers de générations d’Aborigènes. A travers le temps ils ont modifié les paysages par les feux du bush pour "nettoyer" le pays. Par des graines transposées sur des milliers de kilomètres ils ont créé des oasis dans des endroits plus propices, sans pour autant devenir agriculteurs.
Depuis leur arrivée en Australie, ils ont cartographié la terre. Ils l'ont célébré dans toutes les directions en suivant les pistes chantées élaborées par les Grands Ancêtres du Temps du Rêve.
Un parfum d’éternité
Sur ces chemins, chaque bloc rocheux, chaque sinuosité a pris d'autres dimensions plus spirituelles et fait sens. Les scarifications de l'écorce terrestre portent la mémoire de leur peuple. Elles sont ponctuées et structurées par leurs histoires de la création connues comme le Dreaming Time.
Aujourd’hui les Aborigènes transposent sur les toiles les signes dessinés hier sur le sable, et assurent ainsi la pérennité d'un art plus éphémère. Leurs compositions élaborées célèbrent la terre et leurs mythes fondateurs, sans cesse conviés au présent, dans une dynamique et un parfum d’éternité.
L’exposition «Empreintes Eternelles» est unique en Europe par l’excellence des œuvres sélectionnées in situ au centre d’art de Tjungu Palya dans le APY land, avec les artistes.
Il s’agit d’un territoire désertique de 102 000 km2, habité par près de 2500 personnes dont 98% d’indigènes. Les artistes Aborigènes du APY land s’affirment ces dernières années comme le noyau artistique le plus dynamique d’Australie, régulièrement récompensé dans le cadre des prix les plus prestigieux de cette île-continent.
30 oeuvres d’art Aborigène majeures sont visibles et proposées à Bruxelles, dont certaines furent finalistes du NATSIAA - Telstra Award récompensant les plus grands artistes de ce mouvement artistique. Il ne faudra pas manquer ici à Bruxelles, l’œuvre magistrale de 3m sur 2 de l’artiste Aborigène Béryl Jimmy, exposée en 2016 pendant 3 mois au Musée National de Darwin en Australie.
L’énergie créatrice de cette petite dame du désert exprime avec fougue et puissance son savoir hérité des ancêtres et lié à l’importance de sa connexion au territoire. Les cheminements nomades des pistes chantées, apparaissent avec l’amplitude d’une comète traversant le ciel.
Des œuvres emblématiques de l’artiste acclamée Maringka Maker sont présentées à Bruxelles. Elles signent de façon remarquable le couronnement de sa carrière et tout l’accomplissement d’un parcours artistique exemplaire à travers deux peintures de deux mètres sur deux.
Avec des nuances extrêmement délicates des teintes, elle nous entraîne dans les profondeurs signifiantes des lieux sacrés dont elle garde la mémoire et qu’elle n’a pas manqué de transmettre à ses enfants à leur tour artistes.
Dans cette exposition deux œuvres anciennes des artistes importants Nellie Stewart et Tiger Palpatja de Tjungu Palya, ont également été conviées et soulignent une intéressante dichotomie au sein de cette communauté artistique.
D'un côté les artistes comme Teresa Baker, Keith Stevens, Bernard Tjalkuri, explorent avec une infini délicatesse toute la profondeur du territoire et des histoires sacrées associées, dans une myriade de points attentionnés posés sur la toile.
De l'autre côté, les artistes se munissent de brosse, et avec un geste large et énergique transposent les mouvements composés hier dans le sable dans un processus presque immuable de transmission des connaissances.
Le centre d’art de Tjungu Palya a été crée en 2006 à partir de 3 communautés Aborigènes. C’est le plus récent. Installés depuis toujours en ces lieux, les artistes Aborigènes, véritables vigies du territoire, entretiennent et chantent ces paysages signifiants par leurs peintures, telle une main tendue entre les générations passées et futures sur cette écorce terrestre corrodée et aride.
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