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Portrait de l'artiste Wawiriya Burton (1925)

L’artiste Wawiriya Burton (1925) sur une de ses toiles magistrales. © Photo with the courtesy of Tjala Arts.

L’artiste Wawiriya Burton (1925) sur une de ses toiles magistrales. © Photo with the courtesy of Tjala Arts.

Je me souviens de cette main fragile, toute ridée, qui dansait sur la peinture lors de ma dernière visite dans le désert rouge Australien. On y percevait quelques stigmates, suite à la difficile vie dans les déserts australiens. Sur la toile, elle déposait des points avec virtuosité et concentration, juste munie d’une fine baguette de bois pointue. Cette main tremblait par moment, sans chercher la perfection, mais juste dans l’émotion du partage d’une histoire inscrite en elle. Si souvent cette main avait caressé les lieux représentés sur la peinture, comme cette roche rouge pulvérisée par des millions d’années d’érosion, dans une intimité toute particulière avec le Temps du Rêve Aborigène.

En suivant le bras enveloppé dans une peau noblement parcheminée, je découvrais le visage de Wawiriya Burton, grande guérisseuse née en 1925. Dans un geste presque méditatif, son buste allait du pot d’acrylique vers la toile de lin posée à même le sol. Elle murmurait par instant, en écho à ces pistes de sable nomades qu’elle a suivi toute sa vie en honorant les anciens des Temps de la Création…

Œuvre de l'artiste Wawiriya Burton (1925). Format : 200 x 200 cm. Présentées dans le cadre de l’exposition «Tjungungku Walkatjunanyu— Painting Together» à Bruxelles en Novembre 2020. © Photo : Aboriginal Signature Estrangin gallery with the courtesy…

Œuvre de l'artiste Wawiriya Burton (1925). Format : 200 x 200 cm. Présentées dans le cadre de l’exposition «Tjungungku Walkatjunanyu— Painting Together» à Bruxelles en Novembre 2020. © Photo : Aboriginal Signature Estrangin gallery with the courtesy of the artist and Tjala Arts.

Elle nous raconte ici l'histoire du pays de son père près de Piplatjatjara, à l'ouest d'Amata dans le APY land. Elle représente
minyma mingkiri tjuta- de nombreuses petites souris femelles du désert. Les mingkiri sont enceintes et donnent naissance à de nombreux bébés. Les lignes ponctuées de points sur la toile soulignent le voyage des petites souris totémiques vers les trous de roche environnants à la recherche de nourriture et d'eau pour nourrir leurs petits.

A l’âge où certains chez nous sont depuis bien longtemps à la retraite, Wawiriya est une femme respectée fidèle à sa pratique artistique. Aujourd'hui, avec la liberté d'un senior, sa main se libère encore plus à 95 ans, sans contrainte ni contrôle, dans une nouvelle indépendance et jeunesse d'expression.

Ses œuvres finalistes cette année à l'Award 2020 du Musée de Darwin (NATSIAA), ont intégré de nombreuses institutions publiques et collections privées. Elle est également actuellement exposée au Musée des beaux Arts de Rennes.

Découvrez les œuvres de Wawiriya disponibles ici.

© Photo : Aboriginal Signature estrangin Gallery et Tjala Arts, with the courtesy of the artist.

Œuvre de l’artiste Wawiriya Burton - Ngayuku ngura - My Country - 198cm x 153cm - 301-17. © Photo : Aboriginal Signature Estrangin Gallery with the courtesy of the artist and Tjala arts.

Œuvre de l’artiste Wawiriya Burton - Ngayuku ngura - My Country - 198cm x 153cm - 301-17. © Photo : Aboriginal Signature Estrangin Gallery with the courtesy of the artist and Tjala arts.

Focus sur les œuvres de l'artiste Barbara Mbitjana Moore (1964)

Œuvre magistrale de l’artiste Barbara Moore (format : 300 x 200 cm). © Photo : Aboriginal Signature Estrangin Gallery with the courtesy of the artists and Tjala Art.

Œuvre magistrale de l’artiste Barbara Moore (format : 300 x 200 cm). © Photo : Aboriginal Signature Estrangin Gallery with the courtesy of the artists and Tjala Art.

L'artiste Barbara Mbitjana Moore (1964) s’exprime avec fougue et intuition dans ses peintures. Son geste énergique embrasse la toile avec des effets d'amplitude accentués par l'usage d'un pinceau et de brosses larges. Courbes et déliés s'enchaînent et ourlent les contours des trous d'eau ancestraux. Loin des canons esthétiques de cette région de l'Australie, son style souligne une individualité remarquable.
Le mouvement ample et généreux de ses compositions, l'absence de points, introduit un élan de modernité dans son art, pourtant très proche des tracés portés sur le sable du désert hier, ou des formes dessinés sur la peau pour les cérémonies. Des lignes fines, comme suspendues, relient les trous d'eau, et s'affirment en contraste des fonds plus marqués, aux effets dramatiques et veloutés. Elle conjugue ainsi dans ses œuvres un dialogue fertile et dynamique entre tradition et innovation. Sur un terrain artistique Belge, cette œuvre n'est pas sans évoquer d'autres créations dans le cadre du mouvement COBRA hier où présidait un art brut et spontané. Le musée d'art Aborigène d'Utrecht (AAMU), avait il y a quelques années organisé une exposition marquante invitant au dialogue l'art Aborigène et le mouvement COBRA. L'exposition "Mémoires Vives" au musée d'Aquitaine à Bordeaux avait également repris en 2013 l'idée d'exposer des toiles d'Alechinsky et des peintures Aborigènes d’Australie.

Œuvre de l’artiste Barbara Moore (format : 200 x 200 cm). © Photo : Aboriginal Signature Estrangin Gallery with the courtesy of the artists and Tjala Art. Plus d’information sur cette œuvre ici.

Œuvre de l’artiste Barbara Moore (format : 200 x 200 cm). © Photo : Aboriginal Signature Estrangin Gallery with the courtesy of the artists and Tjala Art. Plus d’information sur cette œuvre ici.

Depuis ses premières œuvres en 2003, Barbara Moore a très rapidement suscité un vif intérêt dans ce mouvement artistique, où ses œuvres ont gagné ou été finalistes du prestigieux Telstra Natsiaa award en 2012, 2015, 2017 et 2018 au Musée de Darwin.
Ses peintures ont également intégré les collections du Musée d’Adelaïde (Art Gallery of South Australia), du Musée National de Canberra, de la Fondation Opale en Suisse, et de nombreuses collections privées en Australie, Belgique et Allemagne.

En 2020 l’artiste a été en résidence à l’Université de Virginie aux USA, pour y réaliser une performance murale magistrale au sein du Musée de la collection Kluge-Ruhe.
Sur cette photo prise à la galerie ce matin, apparaît au sol une toile magistrale de 300 x 200 cm de l'artiste Barbara Moore, qui rejoint une collection privée en Europe.
Sur le mur du fond se distingue à gauche une peinture de l'artiste Freddy Ken, et au centre une œuvre de l'artiste Sylvia Ken (198 x 152 cm) qui évoque avec des nuances subtiles la fantastique histoire des Seven sisters aux Temps du Rêve (Tjukurpa).

© Photo : Aboriginal Signature Estrangin Gallery with the courtesy of the artists and Tjala arts.

Œuvre de l’artiste Barbara Moore (format : 152 x 122 cm). © Photo : Aboriginal Signature Estrangin Gallery with the courtesy of the artists and Tjala Art. Plus d’information sur cette œuvre ici.

Œuvre de l’artiste Barbara Moore (format : 152 x 122 cm). © Photo : Aboriginal Signature Estrangin Gallery with the courtesy of the artists and Tjala Art. Plus d’information sur cette œuvre ici.

Portrait de l'artiste Kay Lindjuwanga de Maningrida

Portrait of Kay Lindjuwanga © Photo : Maningrida Arts.

Portrait of Kay Lindjuwanga © Photo : Maningrida Arts.

Je vous invite dans l’univers artistique d’une grande dame d’Australie, Kay Lindjuwanga, née en 1957 dans une zone éloignée de la Terre d’Arnhem proche de Maningrida dans le nord tropical.

Elle fait partie d’une grande lignée d’artistes Australiens acclamés, de son père Peter Marralwanga (1916), à ses frères Ivan Namirrkki et Samuel Namunjdja également présentés dans cette grande exposition à Bruxelles.

Sa carrière artistique démarre avec son mari, John Mawurndjul, qu’elle épouse en 1973.

Illustre artiste, il voyagera à travers le monde, peindra les plafonds du Musée du Quai Branly Jacques Chirac à Paris, aura une rétrospective de son vivant à Bâle et au Musée National de Canberra en 2018 « I am the old and the new » qui fera le tour des musées Australiens par la suite. Aujourd’hui ses œuvres ornent les murs de plus de 40 institutions.

Dans une magnifique complicité, John va partager son savoir avec Kay, et l’inviter à contribuer dans ses propres œuvres, à tel point qu’il est souvent difficile de distinguer leurs gestes respectifs. Puis elle volera de ses propres ailes, ayant acquis l’autorité à la fois pour représenter les histoires et symboles du clan Kurulk de John et de son propre clan Kardbam.

Habités par leur savoir ancestral, John et Kay vont conjuguer tradition et un sens remarquable de l’innovation, qui va les conduire à une forme d’abstraction habitée par les motifs traditionnels hachurés connus sous le nom de Rarrk.

Détail d’une écorce peinte par l’artiste Kay Lindjuwanga. © Photo Aboriginal Signature Gallery with the courtesy of the artist and Maningrida. Kay Lindjuwanga - Buluwana at Dilebang - 143 x 65 cm - 368-10

Détail d’une écorce peinte par l’artiste Kay Lindjuwanga. © Photo Aboriginal Signature Gallery with the courtesy of the artist and Maningrida. Kay Lindjuwanga - Buluwana at Dilebang - 143 x 65 cm - 368-10

Dans l’iconographie de Kay, les formes abstraites sont profondément connectées aux lieux du territoire et aux histoires des grands ancêtres dont le serpent arc en ciel. Dans ses représentations ondulantes elle évoque les dimensions cérémonielles et le pouvoir ancestral qui y est associé.

Certaines des écorces à Bruxelles, soulignent le lieu sacré de Milmilngkan, où le serpent arc-en-ciel a percé le sol et qui veille depuis la nuit des temps sur cet endroit. C’est aussi son lieu de vie avec John, une terre qui désormais leur appartient.

Détail d’une écorce peinte par l’artiste Kay Lindjuwanga. © Photo Aboriginal Signature Gallery with the courtesy of the artist and Maningrida. Kay Lindjuwanga - Milmilngkan - 171 x 53 cm - 2880-08

Détail d’une écorce peinte par l’artiste Kay Lindjuwanga. © Photo Aboriginal Signature Gallery with the courtesy of the artist and Maningrida. Kay Lindjuwanga - Milmilngkan - 171 x 53 cm - 2880-08

D’autres œuvres de Kay raconte un temps très ancien, avant que la mort n’atteigne les hommes. Par un cross hatching complexe ponctué de zones blanches, l’artiste évoque ainsi l’ancêtre Buluwana dans le coin de Dilebang, un des endroits les plus sacrés de la région, situé dans un pays magnifique et escarpé, très riche en art rupestre.

La vibration apportée par Kay à travers le rarrk ou cross hatching, donne vie aux lieux, et aux mouvements des ancêtres totémiques, avec un effet de vibration et de chatoiement palpable.

A travers le monde, vous pourrez retrouver les œuvres de Kay Lindjuwanga, dans les prestigieuses institutions suivantes : National Gallery of Australia. Musée de Sydney - Art Gallery of New South Wales. Musée de Melbourne - National Gallery of Victoria. Musée de Darwin - Museum and Art Gallery of the Northern Territory. Musée d’Adelaïde - Art Gallery of South Australia… et de nombreuses collections privées.

Détail d’une écorce peinte par l’artiste Kay Lindjuwanga. © Photo Aboriginal Signature Gallery with the courtesy of the artist and Maningrida. Kay Lindjuwanga - Milmilngkan - 195 x 63 cm - 2168-08

Détail d’une écorce peinte par l’artiste Kay Lindjuwanga. © Photo Aboriginal Signature Gallery with the courtesy of the artist and Maningrida. Kay Lindjuwanga - Milmilngkan - 195 x 63 cm - 2168-08

En 2004 elle gagne le NATSIAA - Telstra Award au Musée de Darwin.

Découvrez les 5 magnifiques peintures Aborigènes sur écorce de Kay Lindjuwanga, actuellement exposées à Bruxelles.

© Photo : Aboriginal Signature Gallery with the courtesy of Maningrida